Il y a des matins où le miroir vous rappelle avec une franchise déconcertante que le temps a passé. Cernes au charbon et mine bouffie, cheveux grisonnants ou pris par une irrémédiable chute, il subsiste pourtant dans ce constat matinal de champ de bataille une vérité restée assez silencieuse : l'écart qui s'instaure entre l'être et le paraitre, ou "l'avoir été" selon l'adage.
50 ans ? Et alors
Qui ne ressent pas cette gêne étrange causée par le gamin resté debout sur son vélo à rêver, et le statut de pré-retraité vers lequel je chemine aussi surement que j'avance vers Ushuaïa ? Quand je parle de dormir dehors sous une tente, je vois bien les sourcils polis des copains hésitants ou les "bravo papi pour le défi" des Y et 2000 qui se retiennent quand même de rire, mais certainement pas de nous envoyer à l'Ehpad une fois le délire de notre dernière aventure achevé.
Sillonner la Patagonie sera exigeant, ça nous prend déjà pas mal d’audace de nous projeter, avec en ligne de mire la résilience conquise par le sport sur ce temps qui passe sans plus être une limite. Nous préférons l'aborder comme un nouvel horizon, posé plus loin encore, créant ainsi de l'espace, un terrain de jeu suffisamment grand, une distance suffisante, pour faire la promesse à nos enfants intérieurs de vivre pour longtemps encore, de joyeuses turpides tant qu'ira le corps.
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