À 52 ans, se lancer dans un raid à vélo en Patagonie, c’est un peu comme s’inscrire à Koh-Lanta après dix ans de raclette et de siestes devant Top Chef. Sauf que cette fois, Denis Brogniart n’est pas là pour me sortir le totem d'immunité : il n’y a que moi, mes deux compagnons, mon vélo, et 2 800 km de vent, de boue et de montagnes qui se profilent. On rêve de quelques journées de grand soleil bien entendu, mais rien n'est moins sur. Pour ne pas finir en PLS dans un fossé, j’ai pris une grande décision : pousser mes limites une fois de plus en m’inscrivant au CrossFit à 51 ans.
Après trois séances seulement, j’ai compris une chose : le CrossFit, c’est l’art de transformer un quinqua un peu ramolli en machine de guerre. Mais il ne faut pas rêver, ce miracle se paye en sueur !
Quand j’ai annoncé à mes potes que je partais pour 60 jours de vélo en Patagonie, leurs réactions ont oscillé entre « T’es complètement fou ! », « il fait sa crise de la cinquantaine », et « il a déjà perdu ses cheveux, il peut bien perdre la tête ! ». Mais pour ne pas finir comme un boulet derrière Stéphane et Daniel, j’ai adopté le CrossFit. Parce qu’à 51 ans, préparer un raid extrême en autonomie et en bivouac sans entraînement, c’est comme sauter en parachute avec un sac vide : ça finit mal.
Pour l’instant, je vois le CrossFit comme un stage commando pour civils. On te fait soulever des haltères dignes de Thor, sauter comme un kangourou sous amphet’, ramper comme Rambo et ramer plus vite que Tony Estanguet. Mon premier WOD (Work Of the Day, les francophones vont adorer) a été un véritable choc. « 10 deadlifts, 20 burpees, 400 m avec un sac de cailloux ». J’ai cru que j’allais y rester. Mais j’ai découvert que mon cœur, en plus d’être généreux, était capable de soutenir l’effort. Et j’ai recommencé, porté par les encouragements du groupe et du coach. Et peu à peu, j’ai réalisé : si mes jambes survivent à ces entraînements, la Patagonie, finalement, c’est jouable.
Évidemment, ce qui motive, c’est de voir le corps des aficionados de la discipline : sveltes, dessinés, taillés en V. Tout ce que j’espère pour Noël ! Avec l’entraînement combiné du CrossFit et du vélo, je sens déjà mon souffle s’amplifier et, surtout, mon mental prendre confiance, m'assurant que je peux affronter n’importe quel défi. Même un vent patagon à 100 km/h !
Mes premières séances ont été adaptées avec l’entraîneur : moins de poids, plus de technique et de précision, et bien sûr, je fais le trajet à vélo pour aller jusqu’à la salle. Entre deux séances, je me rappelle pourquoi je fais tout ça : pour arriver au départ à Puerto Montt en me disant, « J’ai tout donné, maintenant, je profite. » Je veux vivre cette aventure sans craindre de craquer physiquement. Il me restera le moral à gérer sur place.
Alors oui, parfois je râle. Souvent, je cherche des excuses pour ne pas y aller. Parfois, j’enrage. Mais chaque fois que je réussis un mouvement que je pensais impossible ou que je porte mes 80 kilos sans flancher, je sais que je suis sur la bonne voie. Mon coach a raison : « La douleur est temporaire. Ta fierté, c’est de pouvoir dire : ‘Je l’ai fait.’ »
La Patagonie m’attend. Et cette fois, c’est moi qui vais lui mettre une tôle. Si je survis à l’entraînement, le raid devrait être une formalité. Non ?
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